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ville d'Envermeu

Histoire de la commune

Si Envermeu m’était conté

Il n’est pas nécessaire qu’un bourg soit célèbre pour que son histoire soit intéressante. Chacun de nous a besoin de connaître ses racines, de lire dans les paysages et les monuments l’Histoire de son environnement.
Pour répondre aux questions que vous vous posez, nous vous proposons de parcourir à grands pas les siècles qui ont accompagné le développement d’Envermeu.
Cette courte monographie a pu être rédigée à partir de notes et documents qui nous ont été confiés par Monsieur HAUCHECORNE, notre regretté historien local.
Le nom « Envermeu » est vraisemblablement dérivé de deux termes nordiques, Oever (sur) et Mueu (rivière). Cette origine traduit bien la topographie du lieu.
Notre village a porté plusieurs noms. Les chartes latines citent Anvermodium ou Envremodium ; plus tard, des actes du XVIIème siècle nomment notre localité Envermeuil qui devient Envremeu ou Envermeur au XVIIIème siècle.

Epoque Gallo-romaine

Des monnaies en or découvertes au siècle dernier montrent que notre secteur fut habité par les Gaulois antérieurement à l’ère chrétienne.
Puis les Romains envahirent notre région et les Calètes s’installèrent. Ils développèrent les échanges et un réseau de voies de communication plus praticables.
En aménageant la route de Dieppe (CD 920), on a retrouvé une portion de voie romaine qui reliait les Limes (près de Dieppe) à Césaromagus (Beauvais) en passant notamment par la vallée de l’Eaulne.
En 1836, au Bucq, on a retrouvé, à proximité du Bois Dangereux, des médailles de Commode, Néron, Antonin, Faustin.

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Epoque Franque

Lorsque le pays des Calètes fut démembré, notre village, sous le nom d’Endremou ou Envremou, devint chef-lieu du pays de Talou (Pagus Talogiensis).
La moitié de ce fief fut cédée, en 734, par Tyrtsinde au comte Rathaire.
En 1850, on a retrouvé de nombreux vestiges de cette époque dans le champ de la tombe, situé à la sortie d’Envermeu, à proximité de la route conduisant à Bailly-en-Rivière. A cet endroit, les Mérovingiens avaient délimité un cimetière qui comprenait 800 fosses taillées dans la craie entre le VIème et le VIIIème siècle. Les fouilles dirigées pendant 9 ans par l’Abbé Cochet ont permis de dénombrer 460 squelettes d’enfants, de guerriers avec leurs armes, de femmes avec leurs bijoux et leurs ornements.
Dans ces sépultures, on a aussi trouvé des vases, des ustensiles, des armes, des bijoux, des pièces de vêtements en bronze, en fer, en argent, en or, en verre, en terre et en os. Toutes ces précieuses découvertes ont été léguées aux grands musées nationaux (Le Louvre, Rouen, Caen, Bordeaux, Dieppe, etc.).

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Epoque Normande

Dans une charte de 912, Rollon le chef des Normands confirma à la cathédrale de Rouen, la possession du fief d’Envermeu. Ce bien lui avait été donné par le Roi de France.
En 1052, le prieuré de Saint-Laurent d’Envermeu fut fondé sur l’emplacement d’une antique villa romaine par Hugues, seigneur d’Envermeu, et Turold son frère, qui le soumirent aux moines du Monastère du Bec.
Hugues et Turold d’Envermeu accompagnèrent en 1066, Guillaume le Bâtard (Le Conquérant) à la conquête de l’Angleterre. Ils participèrent à la célèbre Bataille d’Hastings.
En l’an 1100, Turold d’Envermeu fut nommé évêque de Bayeux par le roi d’Angleterre Guillaume le Roux. Son épiscopat ne dura que 7 ans, Turold se fit alors moine dans l’Abbaye du Bec.
A cette époque, le prieuré avait de nombreux privilèges. Il recevait des dîmes et des patronages des églises de plusieurs communes. Les moulins de la rivière, le marché d’Envermeu et la foire annuelle de Saint-Laurent versaient également des droits coutumiers.
En 1184, le Pape Luce II confirma la donation du prieuré à l’Abbaye du Bec. L’Eglise de Saint-Laurent devint la propriété des moines. Les habitants d’Envermeu construisirent alors une nouvelle église dédiée à Notre-Dame et une chapelle fut érigée en seconde paroisse sous le vocable de Saint-Laurent-le-Petit. Elle fut consacrée au culte jusqu’au début du XIXème siècle.

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Epoque française

Au début du XIIIème siècle, la famine et la peste ravagèrent cruellement notre région. La population fut décimée et en 1244, Envermeu ne comptait plus que 142 feux.
A cette époque, une chapelle fut érigée au hameau de Bray, elle fut placée sous la protection de Saint-Guillain. Malgré les vicissitudes de l’Histoire, les saccages de la Révolution, des parties de ce monument ont résisté aux outrages du temps et l’on pouvait encore voir récemment une fenêtre de la chapelle dans un bâtiment de la ferme de Monsieur Boutigny.
En 1261, le prieuré de Saint-Laurent reçut la visite pastorale de l’archevêque de Rouen, Eudes Rigaud. Le prélat rencontra alors les treize religieux installés dans le monastère.
En 1278, pour secourir les indigents et soigner les malades, Michel Taupin et Ameline Guillemette sa femme, fondèrent dans le bourg un hôpital dit de Saint-Nicolas. Cette initiative reçut l’aide des religieux du Bec et fut officiellement reconnue dans une charte de Philippe le Bel établie en 1296.
La vocation commerciale d’Envermeu fut, dès le XIVème siècle, reconnue et le marché hebdomadaire suscita bien des convoitises. Une charte de 1356 confirma à la fabrique Notre-Dame d’Envermeu la possession du marché qui se tenait, chaque samedi après-midi dans le cimetière de l’église.
Cette programmation posa bientôt des problèmes.
En 1413, Roger d’Hacquenouville, chambellan de Charles VI, seigneur d’Envermeu, présenta au roi une requête pour que le marché de ce bourg, qui se tenait le samedi « après disner, ce qui estoit pour les marchands partant à la nuit, une cause de roberies (vols) éprouvées fréquemment sur le chemin » fut reporté au matin de la même journée.
Cette demande fut acceptée puis révoquée par un mandatement du Roi, car ce changement mettait le marché d’Envermeu en concurrence avec ceux d’Arques et de Douvrend. Dès lors, le marché d’Envermeu dut se tenir « après nonne et à l’heure du record des vêpres ».
Cette nouvelle programmation présentait des inconvénients. Le bruit des acheteurs qui fourmillaient dans le cimetière de l’église à l’heure des vêpres perturbait le bon déroulement des offices.
Le clergé de la paroisse et l’archevêque protestèrent et, bientôt, par des lettres patentes datées du 22 juin 1450, le Roi Charles VII autorisa la translation du marché dans un autre endroit.
Les droits de foire et marché furent ensuite confirmés aux habitants d’Envermeu, par des lettres patentes de Louis XI et Charles VIII datées du 14 novembre 1463 et du 17 octobre 1483.
Le 24 mai 1502, Louis XII autorisa les trésoriers de Notre-Dame d’Envermeu à organiser le marché le vendredi lorsque le samedi était un jour férié.
En 1472, le bourg d’Envermeu, ainsi que l’Aliermont furent brûlés par les troupes de Charles le Téméraire, Duc de Bourgogne.
En juillet 1541, Pierre Destin, prieur d’Envermeu, fut assassiné par le vicaire de la paroisse, Nicolas de Saint-Ouen, avec la complicité de Duval, serviteur du prieur.
C’est au XVIème siècle que fut construite l’église actuelle du bourg. De style gothique  flamboyant, notre  église  se  caractérise  notamment  par : son  clocher en « H » dressé sur une tour carrée, des clefs de voute ajourées, actuellement déposées, un bénitier de la Renaissance, le gisant du chevalier d’Inerville dressé à l’extrémité du bas-côté nord, les obits (textes finement sculptés dans la pierre).
Des cinq cloches originelles, il ne subsiste que la plus petite, nommée Françoise, et sur laquelle est inscrite en lettres gothiques l’inscription suivante :

« Par charité suis Françoise nomée,
Me desdyant à servir un chacun
Mon bien sera à toutes gens commun,
Morts et vivants en auront renomée. »

Le XVIème siècle vit se développer les guerres de religion. Elles n’épargnèrent pas notre commune. Le 8 juillet 1562, les Calvinistes de Dieppe montèrent une expédition et pillèrent le bourg d’Envermeu.
Du 4 au 6 septembre 1589, Henri de Navarre, futur Henri IV, séjourna au château seigneurial d’Envermeu (fief de la Motte) pour préparer le sièges d’Arques. Ce château était situé dans la prairie connue de nos jours sous le nom de Castel, sur la rive droite de l’Eaulne.
Durant le mois d’octobre de la même année, les églises d’Envermeu, ainsi que celles des paroisses voisines, furent à nouveau saccagées et pillées par les ligueurs qui firent, en 1592, de notre bourg, leur quartier général.

Durant les XVIème et XVIIIème siècles, la baronnie d’Envermeu fut successivement possédée par les familles de Pymont, Le Febvre et Anzeray.
Le doyenné d’Envermeu vit son importance accroître. En 1738, il comptait un prieuré, cinquante quatre paroisses, dix neuf chapelles et deux hôpitaux.
Le marché perdura et sa réputation dépassa les limites de la baronnie. A titre d’exemple, en 1688, on notait la présence de six chaussetiers, quatorze merciers, dix savetiers, dix lingers ou marchands de toiles, deux gressiers et huit cordiers.

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La Paroisse Notre Dame d’Envermeu

La gestion territoriale respectait les limites paroissiales et organisait la vie collective par l’intermédiaire des fabriques. La fabrique d’Envermeu tirait ses principales ressources de ses propriétés, de rentes provenant de fondations, d’offrandes, de cueillettes, de locations de bancs, de chaises, et de droits de coutume, hallage, mesurage, étalage du marché hebdomadaire ou de la foire publique. En 1782, le revenu total de la Fabrique s’élevait à la somme de 7 633 livres.

Les ressources, ainsi dégagées, étaient utilisées en faveur de la paroisse, entretenaient deux ecclésiastiques maîtres d’école chargés d’apprendre le latin et le français aux jeunes, rémunéraient deux religieuses pour assurer l’école des filles, finançaient la construction des ponts, la réparation des chemins, l’entretien des échopes du marché.
La fabrique avait aussi une fonction sociale essentielle : elle nourrissait les pauvres, fournissait aux malades un chirurgien et un apothicaire, assistait les veuves et les orphelins et donnait parfois la dot à des pauvres filles.
Dans le courant du XVIIIème siècle, un violent incendie ravagea une bonne partie du bourg. Envermeu comptait à cette époque 1610 habitants.

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La Vavassorie de Torqueville

Torqueville était le hameau le plus actif. Les chartes et registres établis au Moyen-Age montrent que la dénomination a évolué, nous relevons notamment les termes de Furqueteville puis de Fortieuville. L’étymologie laisse supposer une origine nordique, cette terre aurait pu être donnée à Forketil le Danois, compagnon de Rollon.
En 1503, la vavassorie de Torqueville était tenue par Jacques d’Anisy. Elle fut ensuite acquise par la famille de Pimont en 1533 avant d’appartenir à la famille Dandasne au début du XVIIème siècle.

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Les trois moulins

Le domaine était planté en terre noble, il comprenait notamment un pigeonnier, et trois moulins actionnés par la force hydraulique : un moulin à blé, un moulin à drap et un moulin à huile.
Le moulin à blé existait déjà en 1533, comme en fait foi un contrat d’échange avec les habitants du hameau. Il fonctionna pendant trois siècles avant d’être exploité pour actionner une scierie.
Le moulin à huile permettait de traiter la récolte de colza et de rabette. Il fonctionnait encore en 1771, il appartenait alors à Nicolas Fréchet qui recevait chaque année quatre pots en redevance féodale.
Le moulin à drap exploitait la laine produite par les nombreux troupeaux de moutons élevés sur les pâtis. Son implantation était très favorable, les drapiers appréciaient les eaux limpides de l’Eaulne qui diminuaient la rudesse des étoffes et exaltaient les couleurs. Ils extrayaient la marne du « Mont-Blanc » pour fouler et teindre les draps. Les drapiers de Torqueville trouvaient donc aisément tout ce qui était nécessaire pour l’apprêt des étoffes. Les gens du moulin fournissaient notamment les marchés d’Arques, de Douvrend et d’Envermeu qui attiraient une foule nombreuse.
On comptait en 1516, treize vendeurs de toile présents tous les samedis au marché. Cette activité fructifia jusqu’à la fin du XVIIIème siècle.
Le moulin à drap s’arrêta en 1690 mais le blanchiment des toiles se faisait encore dans la vallée de l’Eaulne au siècle dernier.

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1789

La révolution a bouleversé la Société Française. Elle évoque, dans nos mémoires, des grands événements, essentiellement parisiens, qui ont rythmé cette période et qui ont contribué à forger l’unité de notre Nation. On se demande souvent, comment,  dans chaque village, nos ancêtres ont vécu les années cruciales de 1789 à 1796.
Pour répondre à cette question, nous vous proposons quelques extraits des notes relevées par Armand Hauchecorne, dans nos archives, alors qu’elles étaient encore conservées en mairie, avec cet extrait du Cahier des Doléances de la Paroisse Notre-Dame d’Envermeu rédigé par le Tiers Etat du Bourg, le 4 mars 1789.

Cahier des Doléances Plaintes, Remontrances et Réclamations Paroisse Notre-Dame d’Envermeu

1°/ L’unité des coutumes dans le royaume, ou au moins la suppression de celle du Pays de Caux, qui serait gouverné par la coutume générale, parce que la coutume du Pays de Caux est contre le droit et la justice naturelle qui exigent l’égalité dans les partages des enfants et parents collatéraux.

2°/ L’unité des poids et mesures dans le royaume.

3°/ La suppression des banalités.

4°/ Suppression de la maîtrise des eaux et forêts, et administration nouvelle pour la régie, vente et distribution du bois des forêts à cause des abus résultant de la maîtrise et des adjudications.

5°/ L’égalité des impôts, sans égard aux qualités des sujets et suivant leurs facultés.

6°/ Suppression des gabelles et de tous les privilèges pécuniaires pour leur remplacement.

7°/ Suppression des employés pour l’allègement des charges du peuple.

8°/ Suppression des droits d’aides, en y comprenant ceux de la marque des cuirs. Abonnement sur les loyers des auberges et cabarets pour remplacement.

9°/ Suppression également des commis aux aides.

10°/ Simplifier les frais de réception pour les impôts et revenus et confier la recette des deniers royaux aux administrations provinciales.

11°/ Réforme des abus dans les revenus ecclésiastiques ; pensionner les ministres et confier les biens de l’Eglise aux administrations provinciales.

12°/ Suppression des dimes insolites, sources d’une infinité de procès.

13°/ Suppression des moines et aliénation de leurs seigneuries au profit des pauvres ou de l’Etat.

14°/ La licence des mœurs des ecclésiastiques mérite toute l’attention des Etats Généraux.

15°/ Réforme des abus dans l’administration de la justice, en simplifier les frais et accélérer les jugements.

16°/ Attribuer aux administrations provinciales les jugements des causes de fait.

17°/ Suppression des offices de priseurs vendeurs.

18°/ Suppression des cures inutiles et érection des cures nécessaires.

19°/ Réforme dans le tarif des droits de contrôle des actes.

20°/ Etablissement de cavalier de la maréchaussée, de trois lieues en trois lieues pour la terreur des coquins, la sureté publique et le maintien du bon ordre dans les cabarets et lieux publics.

21°/ Voter par tête, et non par ordre, aux Etats Généraux.

22°/ Reculement des traites jusqu’aux frontières du royaume.

23°/ Suppression des haras pour la facilité du commerce des chevaux.

24°/ Suppression des hautes justices et d’autres tribunaux inutiles.

Tels sont les vœux du Tiers Etat de la Paroisse de Notre-Dame d’Envermeu, formés en l’Assemblée tenue le 4 mars 1789.

Signé : Allix, des Authieux, Ant de Grège, Labbé, Derenty, F. de Grège, P de Grège, Quenouille, Corroyer, Boé, Troley, Lignot, J.B.  de Grège, Dumouchel, Brossard, Auber, Roussel, Troude, Fortin, Ladiré, F. Clément, Sannier, Langlois, Canehan, J.B. Clément, Varuit, Breton, P. de Grèges, Pouchain, Hanin.

A Paris, la Révolution est en marche ; cet événement révèle le mécontentement général et la réaction désespérée d’une population dont la vie quotidienne est très difficile. La crise s’est aggravée depuis 1786, à la suite de la signature d’un traité de commerce qui permet notamment aux produits de la Grande-Bretagne d’envahir  le marché français : ces importations sont sources de chômage. Les lourdes charges en impôts directs et indirects accablent le peuple.
En 1787 et 1788, les conditions météorologiques désastreuses entraînent une récolte très déficitaire ; le blé est rare, le pain est cher. Des personnes sans travail deviennent vagabonds ; elles s’attroupent pour aller mendier, de jour comme de nuit, en s’aidant quelquefois d’armes. Pour faire cesser cette agitation populaire qui menace le bourg et les paroisses voisines, Envermeu héberge à partir du 13 septembre 1789, un détachement de 20 cavaliers de la maréchaussée aux ordres de Messire Devougi. L’officier prête serment en présence de Louis Degrège, syndic assisté de Louis Gervais curé d’Envermeu. Le 8 novembre, le règlement du marché aux grains sous la halle est établi par la Municipalité pour y maintenir l’ordre.
Le 14 décembre 1789, La Municipalité d’Envermeu procède à la confection des rôles d’imposition  (principal,   accessoires,  capitation,  prestation  aux  chemins…). Les « ci-devant privilégiés » sont visés. Cette délibération n’est pas signée par les curés d’Envermeu et de Brais.
Le 20 décembre 1789, Antoine Degrège et François Zoé Labbé sont désignés pour recevoir la déclaration des habitants au sujet de la contribution patriotique. Guillaume Quenouille est choisi pour faire le recouvrement du rôle supplémentaire des ci-devant privilégiés.
Le 27 décembre 1789, devant le peu d’empressement de répondre à la sollicitation, la Municipalité prend une nouvelle délibération à l’encontre des habitants. Elle les oblige à faire leur déclaration au domicile du secrétaire greffier, Hanin Fils, avant le 31 décembre 1789.

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1790

Le 6 janvier 1790, le juge de la maîtrise des eaux et des forêts, rend une sentence qui interdit à toutes personnes de commettre des délits dans le bois du Prieuré car ce bois est dans un état désastreux à la suite des dégradations antérieurement commises. La Municipalité, responsable de la conservation des biens du prieuré Saint-Laurent, doit désigner trois gardes.

Le 11 janvier 1790, la Municipalité se transporte dans le bois où elle constate qu’environ 50 baliveaux ont été coupés ou sciés, soit en tête, soit en pied, qu’une grande quantité de taillis a été enlevée, et que les nouvelles pousses ont été broutées par les animaux. Deux gardes (Morcamp et Laurent Langlois) déclarent qu’ils n’assureront leur service que le jour. Seul Denis Verdier s’oblige à garder le bois autant qu’il le pourra.
Le 16 janvier 1790, des troubles éclatent au cours du marché, dans la halle aux grains. Des habitants, attroupés, maltraitent plusieurs personnes venues pour acheter ou vendre du blé. Ils protestent parce que de nombreux achats ont été effectués par les boulangers de Dieppe et du Pollet. La demande a provoqué une hausse des prix qui sont devenus inabordables pour le « petit peuple ». Pour réprimer à l’avenir ces manifestions, la Municipalité décide de créer une milice bourgeoise.
Le 31 janvier 1790, le greffier de la Municipalité démissionne à cause des déclarations de blé acheté et vendu à la halle. Il est remplacé par le Sieur Deniéport, clerc-sacristain. Son emploi sera de courte durée car le 18 février, dans l’église, on procèdera à l’élection de la nouvelle Municipalité.

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Construction d’une halle neuve

Les années passent… la vie continue.
Les communes se développent et doivent moderniser leurs équipements.
En ce début du deuxième millénaire, nous avons choisi de vous présenter un grand projet conçu par le Conseil Municipal en 1899.
C’était il y a 100 ans. Voici un extrait des comptes rendus des Conseils Municipaux :

L’an 1899, le samedi 4 février à 8 heures du soir, le Conseil Municipal s’est réuni sous la présidence de Monsieur BRETON, Maire.
Présents : Mrs Breton, Hébert, Houssaye, Quentin, Petiteville, Balavoine, Roussel.
Absents : Mrs Dupont, Dupuis, Leroy, Pellerin, Hauchecorne.
Démolition de la Halle : « sur la proposition de Monsieur le Maire, le Conseil Municipal a l’honneur de prier Monsieur le Préfet de vouloir bien autoriser la démolition de la Halle aux grains du Bourg d’Envermeu, attendu que le Conseil a décidé la construction d’une halle neuve et que cette construction devra se faire dans le courant de juin et de juillet de la présente année ».
Réunion du 4 mars 1899 : «  Sur la proposition de Monsieur le Maire, le Conseil Municipal, considérant que la commune a passé un marché avec M. Edgar Bonna, Ingénieur-Constructeur, propriétaire des Etablissements Perrin, à Saint-Sauveur les Arras, Département du Pas de Calais pour la construction dans le courant de l’été prochain d’une halle aux grains avec marché aux veaux y attenant, en remplacement des halle et marché actuels dont la démolition s’impose :
Décide de procéder par voie administrative à la vente aux enchères publiques des halle et marché à démolir.
L’Adjudication est fixée au 15 avril prochain. Elle aura lieu en 3 lots composés : le premier des tuiles de la halle, le second de la charpente et le troisième du marché aux veaux.
Les grès se trouvant  sous les piliers seront réservés de même que le mur existant entre la halle et le marché aux veaux.
La démolition devra commencer le 1er mai prochain pour être terminée le 15 au plus tard et les matériaux devront être enlevés dans la huitaine du dit-jour sous peine de 10 francs d’amende pour chaque jour de retard ».

Au cours de la même réunion, le marché de gré à gré, passé avec M. Bonna, pour la construction de la halle, est présenté. « Les conditions suivantes ont été arrêtées en confirmation d’une commande déjà faite à la date du 24 janvier 1899.
Savoir : M. Edgard Bonna s’engage à fournir à la commune d’Envermeu un marché couvert, halle aux grains et halle aux veaux y compris urinoirs et réservoir.
Ce marché aura une surface couverte de 425 m², une halle aux veaux de 50 m², un urinoir de 2,50 m² soit un total de 477,50 m² ».

Le compte-rendu décrit ensuite le projet avec beaucoup de précisions. Le descriptif commence ainsi : « l’ossature métallique se composant de 17 poteaux en fer assemblés en U et large plat avec semelles et cornières soit 14 de 5,50 m pour la halle aux grains et composé de 2 fers en U 140 mm et large plat de 200 x 7 semelles de scellement 40 x 60, et de 6 fers en U et large plat de 4,75 m pour la halle aux veaux… ».
Le descriptif s’achève ainsi : « le prix global de cette entreprise comprenant partie métallique, terrassement, maçonnerie, zinguerie, couverture, vitrage et peinture est de 27 500 francs. Dans ce prix est compris une horloge ordinaire de 300 francs, le supplément sera facturé en plus et payé en plus du forfait.
Les paiements seront effectués comme suit :
dix mille francs aussitôt expédition des marchandises,
dix mille francs après démontage,
le solde courant janvier 1900.
Il  sera déduit un escompte de 2% pour le premier versement et de 1 % sur le second.
Tous les matériaux seront de première qualité et seront employés avec soin selon les règles de l’art. L’ensemble sera irréprochable à tous points de vue ».

Le Maire signale ensuite « l’opportunité au point de vue de l’intérêt communal, la nécessité urgente de construire une halle aux grains et aux veaux en remplacement de celle actuelle qui tombe en vétusté et pourrait occasionner des accidents très graves par suite de chutes de tuiles de la couverture ».
Invité par le Maire à se prononcer définitivement, le Conseil Municipal approuve le projet en l’état et traite le financement de la manière suivante :
« Considérant que, pour assurer l’exécution du projet dans ces conditions, la Commune n’a actuellement aucune ressource disponible dans la Caisse Municipale, qu’il y a lieu, dès lors, de contracter un emprunt au Crédit Foncier : l’Assemblée sollicite tant de l’autorité départementale que de l’Etat de bien vouloir prendre en considération toutes les dépenses urgents que la Commune s’impose afin d’obtenir un secours le plus élevé possible pour lui venir en aide ».
Le Conseil Municipal « vote ensuite la dépense et demande l’autorisation de contracter un emprunt de 27 500 F au Crédit Foncier, et de s’imposer, extraordinairement, pendant 50 ans à partir du 1er janvier 1900 6,924 centimes additionnels au principal des 4 contributions directes pour en affecter le produit au service des intérêts et au remboursement de la somme empruntée ».
L’ossature de la halle a traversé le siècle, elle n’a pas été modifiée lorsque nous avons rénové la Salle des Fêtes en 1990. Elle constitue ainsi le témoin de la volonté constante des élus d’aménager des espaces de rassemblement et de convivialité.

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